Après Hector de Saint Denys Garneau, je poursuis mon exploration de la poésie de la Belle Province.
Nancy, ma lectrice du jour est une Québécoise de Gaspésie, qui a rencontré Samuel, un Français d’Alsace. Ce dernier a eu la bonne idée d’être le fils d’amis de ma mère. (merci maman)
Elle m’a donc lu les des extraits de Loranger, Morin et Nelligan, les trois poètes classiques québécois qu’il me restait à découvrir dans la collection Orphée.
La belle carte ancienne -1870- provient de la collection numérique des Bibliothèques et Archives nationales du Québec.
Jean-Aubert Loranger (1896-1942)

Montréal est à jamais fixé
Dans le fleuve, en face de Longueuil,
Par ses grandes cheminées d’usines
Plantées partout comme de gros clous.
Images géographiques : Montréal est un ensemble de 5 courts poèmes qui fonctionne un peu comme une suite de haikus. Instantanés et visuels, leur accumulation forme peu à peu une image aux riches détails.
Paul Morin (1889-1963)

J’ai choisi Musique des noms pour l’exotisme des noms autochtones du Québec (Guaduamgoushout, Ashuapmouchouan), alors que le poète les cite précisément pour dire à quel point il en est en lassé.
Au prestige des noms comme Venise ou Ispahan, Morin préfère sans hésitation l’enchantement des sonorités de Brive-la-Gaillarde, Mantes-la-Jolie, Azay le-Rideau et Castelnaudary, Ailly-le-Haut-Clocher..
Morin n’est pas le seul. Apparemment, il y aurait pour les poètes québécois une puissance évocatrice des noms de villes et villages français qui échappe à leurs habitants.
En 2006, Claude Beausoleil, invité au Salon du Livre à Paris, racontait pourquoi, jeune poète découvrant la France, son imagination s’était emballée pour Noisy-le-Sec :
« Vous comprenez, au Québec, tous les noms signifient quelque chose ! »
J’étais dans le public ce jour là (c’était mon premier Salon du Livre) et l’anecdote m’avait fait sourire. Mais je pense ne l’avoir comprise qu’à la lecture de ce poème.
Emile Nelligan (1879-1941) : le poète maudit

Rimbaud québécois pour sa fulgurance (et ses cheveux), il a fini comme Artaud, dans un asile psychiatrique.
De ses poèmes, je retiens l’exubérance. Nombreux adjectifs, répétitions, exclamations, Nelligan agace ou séduit. Dans Un poète, il demande, à défaut d’ indulgence, qu’on l’ignore.
Aujourd’hui, c’est le poète le plus célèbre au Québec, avec Gaston Miron.
Laissez-le vivre sans lui faire de mal ! / Laissez-le s’en aller ; c’est un rêveur qui passe […] Ne le regardez pas ! Que nul ne s’en occupe ! […]



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