Fany-un-seul-n (nièce de Gyordy, sœur de Vincent) est fascinée par les personnages charismatiques des communautés d’artistes des années soixante.
Edie Sedgwick, Nico, Marianne Faithful : muses et égéries ont nourri l’art d’autrui, parfois au détriment de leur propres aspirations artistiques. Qui savait qu’Edie Sedgwick était diplômée en art ? Pas moi.
On se rappelle d’elles par association, alors que certaines sont devenues artistes à leur tour ou étaient déjà reconnues avant d’inspirer plus célèbre qu’eux (Yoko Ono).

C’est pour ça que j’ai proposé à Fany de lire Anna de Noailles. Ce n’est pas une muse mais une mécène et mondaine, dont les ambitions personnelles ont fait grincer des dents plus d’un envieux.
Jeune, riche, belle et intelligente
Authentique princesse (Bibesco de Roumanie), devenue comtesse française par mariage, Anna de Noailles est jeune, riche et belle et son salon littéraire attire l’élite intellectuelle. Elle a une personnalité très volubile, un esprit brillant et bouillonnant.
Elle qui possédait déjà intelligence, beauté, richesse et influence, voila qu’elle rejoint le rang des écrivains et poètes.
Et là aussi, tout lui sourit : en 1921, elle est la première femme à entrer à l’académie royale de langue et littérature françaises de Belgique. A titre de comparaison, il faut attendre 1980 pour que Marguerite Yourcenar ait ce même honneur à l’académie française.
Son succès est-il mérité ?
Le poème lu par Fany
Jugez-en vous même avec le poème Si je n’aimais que toi en toi, lu par Fany-un-seul-n.
Si je n’aimais que toi en toi
Je guérirais de ton visage,
Je guérirais bien de ta voix
Qui m’émeut comme lorsqu’on voit,
Dans le nocturne paysage,
La lune énigmatique et sage,
Qui nous étonne chaque fois.— Si c’était toi par qui je rêve,
Toi vraiment seul, toi seulement,
J’observerais tranquillement
Ce clair contour, cette âme brève
Qui te commence et qui t’achève.Mais à cause de nos regards,
À cause de l’insaisissable,
À cause de tous les hasards,
Je suis parmi toi haute et stable
Comme le palmier dans les sables ;Nous sommes désormais égaux,
Si je n’aimais que toi en toi, un poème d’Anna de Noailles (1876-1933)
Tout nous joint, rien ne nous sépare,
Je te choisis si je compare ;
— C’est toi le riche et moi l’avare,
C’est toi le chant et moi l’écho,
Et t’ayant comblé de moi-même,
Ô visage par qui je meurs,
Rêves, désirs, parfums, rumeurs,
Est-ce toi ou bien moi que j’aime ?
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