Né en 1921 sur l’île de Leros, Tsaloumas fuit la Grèce en 1952. Ce n’est pas seulement son pays qu’il quitte mais aussi sa langue. Dix ans après son arrivée en Australie, il publie son premier recueil en anglais, comme tous ceux qui suivront.
Les pinceaux linguistiques
Exister dans une autre langue, c’est le quotidien de beaucoup d’émigrés. Mais pour un écrivain, changer de langue change-t-il son identité artistique ? Un peintre, où qu’il se trouve, peut travailler avec les mêmes outils. Qu’en est-il des pinceaux linguistiques d’un écrivain ?
Concrètement, seuls les personnes bilingues amatrices d’analyse littéraire pourraient me répondre. J’aimerais avoir l’avis de ceux qui sont capables de lire Nabokov autant en russe qu’en anglais. Retrouvent-il le même Nabokov de La méprise dans Ada ou l’ardeur ?
En y regardant de plus près, ce n’est pas un bon exemple. Contrairement à Tsaloumas, Nabokov avait déjà un excellente maîtrise de l’anglais avant son exil, traduisant lui-même ses romans. C’est un sujet passionnant en littérature comparée. Il est plutôt difficile de tirer des conclusions sur le sujet, tant les parcours sont avant tout individuels même dans des situations similaires.

Dimitri Tsaloumas lu par Vicky
Qui mieux que Vikki (Vassiliki), grecque polyglotte -j’ai décidé que ce serait son épithète homérique-, pouvait donner sa voix à Tsaloumas ? Elle vit en France, a travaillé comme juriste en anglais auprès d’institutions européennes, a traduit l’écrivain finlandais Paasilina en grec, vécu en Estonie. Aux dernières nouvelles, elle a repris ses études, apprend le suédois et s’oriente vers la traduction.
Comment ais-je trouvé Vikki la polyglotte ?
Nous étions voisines -lorsque je vivais à Strasbourg. Elle habitait l’appartement au-dessus du mien. D’ailleurs, Guillaume, son colocataire, est le lecteur de Victor Segalen (Maud, sa compagne, lit Novalis.)
Vous retrouverez Vikki ailleurs sur Projet Orphée, lisant des poètes contemporains grecs (Kiki Dimoula, Olga Votsi, Anghelos Sikelianos), et finnois (Eeva Lisa Manner)

Sources
Le tableau en couverture : Un portait de D. Tsaloumas, par Nikos Kypraios (1944-…)

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